Cela fait bientôt 5 ans que j’ai commencé à enseigner le yoga et à partager ma pratique avec d’autres. Comme tout le monde, j’ai commencé en donnant des cours dans les salons et jardins de mes ami·es… avant de me retrouver petit à petit face à des visages moins connus et des groupes plus nombreux, dans des studios, lors de retraites ou de stages.

Ces cinq ans passés à enseigner ont été les plus riches de ma vie en termes d’apprentissage. Je n’ai jamais autant appris qu’en partageant ma pratique du yoga !

Je me suis souvent demandé pendant ces cinq ans si j’étais une bonne prof. Une question qui mène généralement à une autre… C’est quoi un·e bon·ne prof de yoga ?

Je crois avoir mis le doigt sur quelques réponses, qui me correspondent et que j’essaye d’appliquer et de cultiver jour après jour, cours après cours.

Tu es un·e collègue ? Un·e yogi qui pense à enseigner ? Tu as peut-être juste envie d’en savoir plus sur mon expérience de l’enseignement 🙂 Alors cet article pourra t’intéresser !

Les connaissances… et l’art de les transmettre

La plupart d’entre nous en a fait l’expérience à l’école : l’enseignant·e qu’on aime, auprès de qui on apprend le plus, c’est celui·celle qui sait le mieux transmettre son savoir. La transmission, c’est un art à part entière, qui s’apprend !

Pendant ma formation initiale en 2017, nous passions chaque après-midi à apprendre la transmission. Le parti pris de mes professeurs était le suivant : Avoir des connaissances en philosophie, en asanas, en anatomie, etc. oui, c’est primordial. Apprendre à partager ces connaissances et à les appliquer à d’autres que soi, c’est tout aussi essentiel.

Cinq ans plus tard, je suis toujours 100% alignée à cette idée.

En enseignant, j’apprends petit à petit ce que c’est que transmettre.

C’est créer de la confiance. C’est trouver les bons mots, les approches qui résonnent chez l’un·e ou chez l’autre. C’est parler de manière plus inclusive, pour que chacun·e se sente touché·e par ce qui est partagé. C’est trouver la bonne porte d’entrée pour la bonne personne. Transmettre, c’est aussi trouver ce qui motive certaines personnes et en décourage d’autres. C’est savoir lire ce qui se cache derrière une question, un regard, un geste, et savoir adapter mon enseignement à ce que je perçois.

C’est de l’empathie, de la pédagogie, de l’humilité, ainsi que beaucoup de souplesse… de l’esprit ! Ca tombe bien, ce sont autant de choses qui se cultivent au travers du yoga 🙂

Créer l’espace

Au cours de ces cinq ans, j’ai compris quelque chose dont j’avais fait l’expérience en tant qu’élève. Dans certains cours, on se sent mieux que dans d’autres sans pouvoir s’expliquer pourquoi. Cela ne tient pas seulement aux connaissances de l’enseignant·e, ni à sa manière de les partager. Tout simplement parce que partager le yoga, ce n’est pas QUE partager des connaissances. C’est avant tout créer un espace.

Partager le yoga, c’est créer un espace au sein duquel toutes et tous se sentent en confiance et en sécurité pour explorer sa pratique. Pour se connecter à soi-même, il est essentiel pour chacun·e de se sentir libre de ressentir, de vivre pleinement ses émotions et ses sensations. Il est essentiel de pouvoir bouger, être soi-même sans filtre et sans retenue, sans peur d’être jugé·e, ni par moi, ni par les autres autour.

Pratiquer le yoga, c’est se donner la permission d’être, juste être. 

Mon rôle à chaque cours, où que l’on se trouve, c’est de créer l’espace dans lequel vous pouvez vous défaire de tout ce qui vous enveloppe et vous conditionne, pour vous autoriser à simplement être.

Un échange juste

Enseigner ce n’est jamais à sens unique, c’est toujours un échange.

Pendant un cours, je donne beaucoup de moi-même mais je reçois aussi tellement de mes élèves ! A travers vos sourires, vos efforts, votre concentration, votre respiration, vous me transmettez et vous transmettez les un·es aux autres une immense énergie.

C’est encore plus flagrant quand je donne un cours sur Zoom par rapport au présentiel. Cet hiver, j’enseignais la même séance de vinyasa le midi sur Zoom et le soir en collectif. Je sortais du cours du midi épuisée, et du cours du soir remplie d’énergie.

Maintenant que j’ai fait du yoga mon activité professionnelle principale, s’ajoute aussi un nouvel élément d’échange… L’échange monétaire. Et ça, ce n’est pas toujours facile à gérer. L’échange d’argent est présent à chaque étape : dans la location des salles, dans la vente de carnet de cours, dans les charges que je paye chaque mois, dans les inscriptions aux stages et aux événements…

Tout ça me donne parfois le sentiment de corrompre ma pratique et la vôtre. J’ai surtout conscience de créer d’énormes barrières à l’entrée pour une pratique qui devrait être accessible à tous·tes.

Demander à cell·eux qui le peuvent de contribuer à l’échange au montant le plus juste possible, c’est ce que j’essaye de faire à chaque fois que je fixe un tarif.

Trouver des moyens de partager le yoga avec cell·eux qui ont moins de sous à mettre dans la balance, c’est ce à quoi je réfléchis pour l’avenir.

De la gratitude

Enseigner et partager cette merveilleuse pratique qu’est le yoga, c’est une chance immense pour laquelle je remercie l’univers et je vous remercie à la fin de chaque séance.

A toutes et tous, pour ces cinq ans incroyablement riches, pour la confiance que vous m’accordez et tout ce que vous m’enseignez, toute ma gratitude et un immense merci <3